La peine humanisée

En Juillet 1999, presque 10 ans déjà, on a introduit dans notre système pénal une nouvelle peine principale: la peine du travail d’intérêt général. Sa philosophie annoncée consistait à donner aux inculpés une meilleur chance de retrouver la bonne voie et pour se réintégrer dans la société.

Certes, son domaine d’application été limité. Elle n’est prévue que pour les contraventions, les infractions et les délits sanctionnés par une peine de prison ne dépassant pas 6 mois.

L’article 15 bis du code pénal précise les délits pour lesquels cette peine peut être appliquée.

Le ministre de la justice[1], disait que nous voulions humaniser notre législation pénale par la consécration davantage des droits de l’homme.

Ca me rassurait, à l’époque .

10 ans après, je lis dans un journal de la place que le nombre des jugements déclarant une telle peine durant l’année 2008 avoisine 328 contre 427 (2007).

Non seulement que c’est peu, mais on régresse!!!

Je ne suis plus rassuré là!!

Alors, je vérifie les délits et contraventions auxquels s’applique la peine prévue et je note entre autres:

– Contravention au code de la route

– Envahissement du terrain de jeu pendant le match,

– Profération des slogans contraires aux bonnes mœurs ou de propos dilatoires à l’encontre des instances sportives publiques ou privées ou à l’encontre des personnes,

– Violence grave,

– Diffamation,

– Vol,

– Ivresse répétée

– Outrage public à la pudeur,

– Non payement de la pension alimentaire,

– Contravention aux lois de l’environnement ou de l’urbanisme…

Pour tous ces délits et contraventions on n’a appliqué la peine que pour 328 cas?

5 minutes d’application à la lettre du code de la route et on verra 2/3 du peuple passer sous le travail d’intérêt général. Que dire si on passe aux dix cas cités en haut!?

Nos tribunaux ont-ils été invités à faire plus d’effort pour renflouer la trésorerie de l’Etat par la prononciation des peines pécuniaires au lieu de la peine humanisée?

Peut être aussi que nos magistrats ne se sentaient pas bien dans une robe de magistrat en déclarant une peine humanisée? Inviter un contrevenant à servir la communauté n’est pas apparemment aussi excitant que de l’envoyer sous les verrous.

Mais fort possible aussi qu’on a tellement voulu humaniser El mendhouma[2] (le système) qu’on la rendu molle.

Décidemment, tout ce qui est humanisé devient bizarrement mou!

Il faut avouer que ce que nous venons d’évoquer n’est pas une exclusivité tunisienne puisque c’est un effet international, aussi. En effet, depuis qu’on a insisté sur les questions humanitaires dans la gestion des relations internationales, on a pu découvrir avec stupéfaction que la philosophie sur la quelle reposait le communément appelé droit international été atteinte de grave mollesse.

[1] – à l’époque c’été Mr Abdallah Kallel

[2] – C’est le terme à la mode ces derniers temps. On l’utilise partout.

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Propriété littéraire et artistique: la réforme attendue sera-t-elle la bonne?

Le législateur s’apprête à adopter un texte modifiant la loi n° 36 du 24/2/1994 relative à la propriété littéraire et artistique. La refonte est consistante dans le sens qu’elle va toucher les articles 1, 4, 8, 9, 10, 12, 13, 14, 18, 37, 39, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 54, 55, 56, 57. On va y ajouter aussi des articles 9 bis, 9ter, 42 bis, 52 (de 1-6), 54 bis. Un nouveau chapitre IV bis appelé droits dérivés (ou voisins) va être ajouté avec des articles 47bis à 47 (10).

Un projet visant la refonte de la dite loi a été déposé en 2001 devant la chambre des députés et son étude avait même atteint un stade avancé sauf que le gouvernement avait choisit de le retirer pour laisser place à cette nouvelle initiative.

Cette fois est-elle la bonne?

La propriété intellectuelle, même étant délicate, elle reste l’une des matières les plus passionnantes en droit. Malheureusement, on sent l’absence de compétences académiques de haut niveau qui peuvent former des juristes de grande valeur sur ce plan. Piètre constat est de trouver l’INORPI, seule institution qui gère le domaine avec un staff amoindri de compétences juridiques affirmées.

Cette institution et le ministère de l’industrie devront inciter les étudiants en droit à faire des thèses de Doctorat dans la discipline en leur accordant les moyens financiers nécessaires et l’encadrement scientifique adéquat. Sinon, Que vaut une loi sans la présence des gens capables de l’expliquer et la corriger?

A la question: Alors qui a rédigé cette refonte? La réponse ne peut être que: Vive la traduction.

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Les Faits divers juridiques de la semaine

Etat désolant de notre droit, le récit des nouvelles juridiques serait plutôt mieux sous la rubrique fais divers.

Il n’y a pas mieux pour illustrer cette situation que la tenue de l’assemblée extraordinaire des avocats pour adopter un statut pour le métier et les évènements qui s’y sont déroulés. Triste métier.

Sans aucun doute, le métier d’avocat est le métier qui a fait plus d’Une des Journaux de la place cette année.

Aujourd’hui, les avocats ont leur statut, leur caisse d’assurance maladie, leur institut, leur club et leur badge qu’ils laissent visible sur leurs voitures. On se demande quand ils auront leur conscience et leur cervelle pour penser collectivement et abandonner leur individualisme égoïste avancé?

Peut être que ces quelques blagues réelles vont aider:

AVOCAT:   Docteur, avant de procéder à l’autopsie, avez-vous vérifié le pouls?
TÉMOIN:    Non.
AVOCAT:   Avez-vous vérifié la pression sanguine?
TÉMOIN:    Non.
AVOCAT:   Avez-vous vérifié la respiration?
TÉMOIN:    Non.
AVOCAT:   Alors, il est possible que le patient était vivant lorsque
vous avez commencé l’autopsie?
TÉMOIN:    Non.
AVOCAT:   Comment pouvez-vous en être si sûr, Docteur?
TÉMOIN:    Parce que son cerveau était dans un bocal sur mon bureau.
AVOCAT:    Je vois.  Mais, est-ce que le patient ne pouvait pas être quand même encore en vie?
TÉMOIN:    Oui, c’est possible qu’il soit en vie et fasse le métier d’avocat.

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AVOCAT:   Docteur, n’est-il pas vrai que lorsqu’une personne décède en dormant, elle ne le sait pas avant le lendemain matin?
TÉMOIN:    Avez-vous vraiment passé vos examens à la barre?

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Dans un autre cadre, les autorités ont, enfin, décidé de réagir et d’assurer les citoyens à propos des rumeurs qui ont fait état de plusieurs cas d’enlèvement d’enfants sur tout le territoire de la république. C’est le ministre de l’iintérieur lui même qui a tenu une conférence de presse où il a évoqué la question.

C’est Rassurant.

ça aurait été plus rassurant si l’un de nos procureurs de la république, étant dans un Etat de droit moderne, ait ouvert une information judiciaire à propos de telles rumeurs pour mettre à jour le vrai et le faux dans cette histoire et juger les coupbales qui ont laissé des familles en panique continue.

Ce n’est plus un hasard, si tous les ans et à la même période (presque), on entend des rumeurs faisant état de kidnapping et de mutilations des organes pratiquées sur les gens enlevés.

Jouer avec l’opinion publique de cette manière méritait qu’on s’attarde sur ce jeu et qu’on réserve un traitement juridique et judiciaire à ces joueurs.

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Peut-on assigner en justice des journaux étrangers selon notre code de la presse?

Dans son édition d’aujourd’hui, Vendredi 8 Mai 2009, page 2, Le journal Assabah rapporte que la doctoresse Olfa youssef a intenté une action en justice contre le journal Qatari "Al Arab", son correspondant en Tunisie, son directeur et son chef de rédaction pour diffamation et injures.

Je dois avouer que nos frères journalistes du moyen orient rapportent presque périodiquement des informations fausses, erronées et parfois diffamatoires concernant des faits en Tunisie.

A titre d’exemple récent, je vous laisse juger cette information transmise par le site web de la chaine Tv Alarabya concernant cette affaire de l’Imam d’une mosquée de la ville de Menzel Bourguiba qui a évoqué une question de football au cours de la prière de Vendredi.

Le correspondant tunisien qui a rapporté le fait, a bien choisi son introduction de l’article en mettant cet Imam sur le banc d’accusé ne laissant aucune hypothèse de neutralité. Il fallait lire le reste de l’article et se renseigner auprès des gens qui ont effectivement assisté à cette Prière pour se rendre compte que le titre de l’article choisi et la façon avec laquelle on l’ a introduit est un geste diffamatoire, calomnieux et portant atteinte à l’image de la Tunisie et du l’Islam pratiqué dans nos enceintes religieuses.

Pour preuve, je vous laisse juger par vous-même les réactions de certains auditeurs:

 

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C’est dire que le fait rapporté a dégénéré en un réquisitoire contre la Tunisie, nos femmes, nos imams et notre Islam, comme si on en a un, en particulier.

Oui, nos articles de 50 à 58 et de 68 à 78 de notre code de la presse peuvent constituer une base légale pour assigner ces pseudos journalistes de presse nationale ou étrangère devant la justice tunisienne afin qu’ils écopent des peines correspondantes à leur manque de professionnalisme, leur ignorance du métier "Journaliste" et leurmauvaise foi (parfois évidente).

Mais on note une inertie totale de la part de nos associations, nos structures et nos autorités (surtout) face à de telles pratiques, contrairement à d’autres Etats qui veillent sur leurs images de marque.

Qu’on attaque la Tunisie, nos femmes, nos hommes, nos enfants, notre culture ou même notre religion, c’est un fait jugé pas contraire à l’ordre public!!! C’est peut être pour cette raison que des ignorants ont quand même compris un seul truc: épargnez la citation de quelques noms et vous pouvez écraser toute la TUNISIE.

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