Élections présidentielles et législatives: Et si le fondement n’est pas politique!

Benjamin Franklin disait: «rien n’est certain, à part la mort et les impôts ». On nous dit aussi que la mort est un devoir et un droit[1]. L’impôt est un devoir, une obligation.

Quel rapport avec les élections?

On présente toujours les élections comme un devoir politique du citoyen. En allant voter, il accomplit un devoir politique vis-à-vis de la patrie!

A l’exception de quelques pays, le vote n’est pas obligatoire. Cette liberté laissée au choix de voter ou non a engendré dans la majorité des pays du monde un abstentionnisme alarmant.

Le citoyen contemporain n’aime pas trop la politique. Peut être même qu’il n’y croit point.

Pourtant, cette action citoyenne passive vis-à-vis des élections aurait dû bouleverser toutes les notions sur lesquelles s’articule l’État moderne. En effet, n’oublions pas que « élection » est un acte politico-juridique qui se fonde sur le concept « démocratie » et la fonde en même temps.

Pourquoi allons-nous voter? Avant, si nous y allons, c’est pour concrétiser un projet social qui s’articule sur un système politique: un système démocratique.

Il ne pourrait pas y avoir de démocratie sans vote.

Avant que la démocratie soit synonyme de liberté de penser, elle était avant tout un système de gouvernance assuré par une opération de vote. Le vote réparti les candidats, assure une prépondérance de la majorité et préserve l’action de la minorité.

Tout ce mécanisme était possible grâce au vote et aux différents techniques de scrutin.

Le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple n’était possible que par cet acte: Vote.

Le vote désigne un gagnant, surtout. Avant, on ne prêtait pas assez d’importance au perdant. Juridiquement, le perdant ne nous intéressait point. Le vote était pour trouver un gagnant qui gouverne. C’est Tout.

Mais depuis, les choses ont bizarrement changé. On s’attache plus au perdant qu’au gagnant.

En réalité, l’opération de vote n’est plus la même. Un des fondements tacites du vote était une supposition que les votants soient la majorité de la population.

Pouvons-nous parler de démocratie quand un scrutin se fait à la base de 40-60% de la population?

A voir des élections européennes récentes où le taux de participation n’avait pas dépassé cette fourchette, on peut être en droit de dire juridiquement (et techniquement) que ce ne sont nullement des démocraties, si on tient à l’épistémologie du terme « démocratie ».

L’abstentionnisme est un résultat de ce fondement politique de l’opération de vote.

Et pourtant, un simple raisonnement différent peut (ou aurait même dû) changer la donne: on doit penser en tant que contribuable, assujetti à la taxe…

Comment se fait-il qu’on ne s’inquiète pas de son argent quand on paye quotidiennement à l’État?

Si je paye la taxe , mon impôt, mes redevances …à chaque mouvement que je fais ou chaque acte que je réalise, c’est parce que je suis citoyen de cet État avec lequel une interaction de droits/obligations se réalise.

Si je paye mes impôts et autres je suis en droit de s’attendre à un retour. Mais quel retour?

Avec le vote, je peux choisir quel type de retour dois-je m’attendre.

Bien entendu, que ce soit ce fondement ou celui du programme politique, un élu qui n’honore pas ses engagements ne craindra pas de sanctions. Le seul revers qu’il risque c’est le désaveu de ses électeurs.

Justement, on reste incapable de comprendre par exemple les cas de certaines personnalités politiques européennes qui se présentent toujours à différentes élections alors qu’ils n’ont jamais honoré des engagements? C’est peut être pour cette raison que le désaveu a aussi changé de forme en embrassant le verbe: s’abstenir.


[1]الموت حق وواجب

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