Un Juriste qui ne sait pas Zapper est un mauvais juriste

Depuis des années, les spécialistes s’inquiètent de la dégradation de la qualité des lois. Rédaction médiocre ou absence de normativité sont les deux reproches et les deux sources d’inquiétude. Il suffit de suivre le débat, encore d’actualité en France, au niveau du Conseil Constitutionnel et le parlement (Assemblée Nationale et Sénat) pour mesurer l’ampleur des dégâts.

En Tunisie, on n’échappe pas à la règle. Le phénomène nous touche mais les manifestations de crainte à propos de ce sujet ne se font pas annoncées. Nos théoriciens[1] de droit ont la tête ailleurs. Ce n’est pas encore leur souci. Nos docteurs en Droit de cette époque s’intéressent plus à être nommés Doyens ou ministres[2] s’ils n’ont pas déjà abandonné l’encadrement et la recherche pour s’occuper de leurs cabinets d’affaire et s’assurer un rang social honorable.

D’ailleurs, ces docteurs sont infectés de la paresse d’écriture juridique puisque leurs écrits en matière juridique se font rares depuis des temples à part quelques articles disparates parus depuis l’ancien âge dans quelques revues.

Qui pourrait aujourd’hui nier la pauvreté de notre bibliothèque juridique qui souffre depuis des décennies de la qualité même si elle a progressé au niveau de la quantité.

Pire encore, certains docteurs se sont reconvertis dans les écris politiques ou les droits de l’homme, matière que (presque) tout le peuple a traité. Il faut avouer que ces écrits sont plus faciles et plus rentables, sans s’attarder à ce qu’ils peuvent être un tremplin pour gagner des échelons.

Les Capables s’étant démissionnés, le champ été laissé libre aux parasites et aux juristes de niveau moyen pour envahir la scène avec des écrits néfastes pour la culture juridique.

Et ce n’est pas tout. Le journalisme de piètre qualité s’étant installé, on n’a pas trouvé mieux que le droit pour y élire domicile. Incapables de nous gratifier par des articles percutants analysant les évènements sur la scène nationale et internationale, des journalistes et autres rescapés d’autres spécialités se sont dirigés vers le droit pour nous émerveiller par des récits qui ne valent même pas ceux des fais divers.

Dernier exemple (et ça ne sera pas le dernier), ce que j’ai entendu hier soir sur une chaine privé tunisienne dans une émission réservée au crash de l’avion tuninter. En effet, étaient présents sur le plateau, l’animateur, un Pilote à la retraite, un avocat enseignant à la faculté de droit et un journaliste du Journal Essabah. Durant presque une heure, c’est ce dernier qui a parlé juridique, technique et social ne laissant point de temps ou d’occasion aux autres pour s’exprimer. Orateur déprimant, il nous a encore déprimé avec des analyses sur le fondement de l’instruction et la portée du jugement.

Aujourd’hui, après avoir remercié Dieu d’être encore vivant, je me suis rendu compte qu’en fait, je suis un très mauvais juriste car je n’ai pas su user de mes droits les plus absolus: Le droit de ZAPPER.


[1] – C’est trop dit quand même!

[2] – Certains Docteurs occupent des postes ministériels (Enseignement supérieur, Justice, Fonction publique, éducation…); d’autres sont membres du Conseil Constitutionnel mais aucun n’est au Parlement (Chambre des Députés ou Chambre des Conseillers) à la différence des Docteurs en Lettres et autres disciplines.

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